"The mistake" de Douglas Kennedy ou la relativité de la perception

Publié le par Noisette

"The mistake" de Douglas Kennedy ou la relativité de la perception

Ayant déjà lu "l'homme qui voulait vivre sa vie" de Douglas Kennedy qui m'avait laissée sur la fin un goût de "peut mieux faire" ; je me suis quand même laissée tenter par "The mistake" ( en version originale cette fois-ci) du même auteur.

Il s'agit d'un mini roman qui se lit aisément, même agréablement en une demi-heure et qui va à d'emblée à l'essentiel : "Nous ne voyons que ce que nous voulons voir."

Il s'agit là de l'ultime phrase du père du personnage principal avant d'expirer.
Ce dernier est un avocat réputé de descendance franco-américaine qu'un divorce compliqué à laissé sur le carreau à l'état de serpillière bobo-trendy.

Il se retrouve à déménager pour Paris après avoir vécu à Londres et n'y retourne que tous les quinze jours pour passer le weekend avec sa fille Abigail. Il se sent seul, désespéré et bien sûr comme par magie une merveilleuse créature va venir transformer sa vie, il la rencontre lors d'un dîner professionnel : Gitte, une sculpturale suissesse quadragénaire comme lui.

Bon on ne va pas vous dire tout de suite que Gitte est une folle, qu'on hésite entre la schizophrénie ou la bipolarité même si entre la phase euphorie et la phase maniaque il ne s'écoule à chaque fois que quinze minutes.

Non, bien sûr, au début Gitte est tout simplement sublime : belle, intelligente, cultivée, brillante, attentionnée, bombe sexuelle et fait essentiel elle porte aux nues notre avocat désabusé, à l'estime de soi piétiné par des années d'indifférence au sein du foyer conjugal et qu'un largage en bonne et due forme a achevé de mettre au tapis.

Enfin on s'imagine bien qu'avec tout ça il y a forcément un os, sinon à quoi sert le roman ?

Gitte le fait rêver elle lui explique que ses ex ne lui arrivent pas à la cheville, que tel ex avait un micro pénis, que tel autre était impuissant et qu'avec tel autre elle avait vécu un véritable amour en ne le voyant qu'une fois par an, que nombre d'entre eux étaient des hommes mariés et que l'un d'eux, Henri, qu'il va d'ailleurs rencontrer personnellement ressemble à s'y méprendre à un nain de jardin et que pourtant elle était restée avec lui pendant trois ans tout en ne lui trouvant aucune qualité.

Et bien malgré tout cela notre avocat, ce brave homme dont on découvre petit à petit la personnalité timorée malgré les apparences décide de se voir comme cet "autre" celui "qui est différent des autres". Il choisit de faire taire cette petite voix qui lui dit " cette nana est déséquilibrée, barre-toi vite fait !" Non, car notre avocat a besoin de rêver c'est d'ailleurs pour cela qu'il a emménagé chez elle dès le lendemain de leur rencontre, il a besoin de croire que c'est "la femme de sa vie", il est dans l'urgence d'être aimé et surtout il ne veut plus être seul alors il la boucle.

Puis viennent les violentes sautes d'humeur de Gitte, suivies d'excuses précipitées, les scènes se répètent et voilà notre avocat coincé et effrayé, il n'a pas voulu voir les premiers signes et se retrouve entravé dans un rôle d'homme malmené psychologiquement à qui l'on promet toujours que "c'est la dernière fois et que l'on va changer, que l'amour est plus fort que tout".

Alors que va faire notre brave ami, rester et subir ou partir et souffrir ?

Ce roman plante très rapidement le décor, on identifie d'emblée le profil psychologique des personnages, leur passé et leur personnalité. L'auteur guide notre perception au milieu des travers de la nature humaine, du mal-être inavoué et nous montre combien le manque d'estime de soi peut être destructeur. C'est de perception encore dont il est question lorsque l'on constate l'aveuglement obstiné du personnage principal qui veut tellement vivre son rêve d'amour fusionnel. Pour résumer Douglas Kennedy pointe sans drame presque avec légèreté, peut être en raison de la taille du roman, que mieux vaut être seul que mal accompagné.

Publié dans Livres

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